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Le Temps des trahisons

Qu’arrive-t-il dans un couple quand surgit un trublion ? Le couple, c’est Louis XIII et son premier ministre Richelieu, qui, depuis vingt ans, tiennent les rênes d’un royaume de France menacé de toutes parts.

Le trublion, c’est l’élégant Cinq-Mars, marquis de vingt ans placé par Richelieu auprès du roi pour recueillir ses confidences. Car le couple Louis XIII – Richelieu est marqué par la suspicion : le cardinal se plaint de la froideur lunatique d’un souverain fuyant et le roi redoute un ministre qui l’espionne et le bride.

Avec fougue, le jeune et séduisant Cinq-Mars remplit sa mission. Mais, dévoré par l’ambition, adoré des femmes, voilà qu’il joue sa propre carte. inaugurant le temps des trahisons. Mettant en péril non seulement sa vie, mais l’existence même d’une France fragile et divisée.

Un triangle fatal au sommet de l’état
Un roman haletant et fascinant sur la tragédie du pouvoir solitaire

Interview de l’auteur

C’est une page d’histoire étonnante que vous racontez dans ce roman, un triangle fatal mettant en scène deux personnages bien connus, Louis XIII et son Premier ministre Richelieu, mais aussi un intrus, le jeune marquis Cinq-Mars. Qui est donc ce trublion ?

Il est le fils du maréchal d’Effiat, ancien ministre de Richelieu, qui a été tué à la guerre. Il provient donc d’une famille proche du pouvoir et le cardinal fait vite de lui son protégé afin de l’enrôler dans son clan. Alors qu’il a tout juste 19 ans, il reçoit la charge de la garde-robe du roi, un poste subalterne, mais stratégique, car il permet d’avoir un accès aisé à Louis XIII, personnage lunatique, dont Richelieu ne devine pas toujours les intentions. Cinq-Mars est placé comme un pion sur l’échiquier d’espions du cardinal, sa toile d’araignée qu’il tisse autour d’un souverain qui, en 1639, au début du roman, a pour maîtresse officielle, platonique, Mme de Hautefort, une amie de la reine Anne d’Autriche, très mal disposée envers Richelieu. Le jeune marquis est donc un rouage du rapport de forces à la Cour, une créature du cardinal, qui va peu à peu se rebeller contre son créateur, lui échapper, déjouer ses plans.

Votre précédent roman historique publié chez XO, Louis XIV, l’enfant roi, était consacré à l’enfance du monarque. Pourquoi ce désir de revenir, avec Le Temps des trahisons, sur la fin de règne de Louis XIII ? Quels étaient alors pour la France les grands enjeux ?

La fin du règne de Louis XIII coïncide avec la fin de l’emprise de Richelieu et c’est ce fascinant crépuscule de ces deux hommes malades qui ont signé un pacte de gouvernement que je voulais retracer. Une atmosphère de « fin de règne » où les corps s’affaissent, les couteaux s’aiguisent, jusqu’à ne plus laisser qu’un champ de ruines où prédominent la méfiance et la désillusion. C’est un moment de grande violence psychologique qui se déploie dans les conventions du beau langage classique. Cette violence est exacerbée par les deux enjeux majeurs de l’époque : la consolidation de la France face à son ennemie privilégiée, l’Espagne, avec qui elle est en guerre – l’ouvrage est rythmé par les campagnes militaires –, et le raffermissement du pouvoir royal aux dépens des grands seigneurs français qui n’ont cependant pas dit leur dernier mot. Communiant dans une même haine envers Richelieu, ils attendent le moindre signe de faiblesse, de division, pour relever la tête et prendre les armes. Nous ne sommes que sept à huit ans avant la Fronde.

Mazarin apparaît dans le récit comme un témoin crucial. En digne successeur de Richelieu, il accueille les dernières confidences de ce dernier. Quelle vision avez-vous de ce personnage énigmatique et haut en couleur ?

Dans l’universelle méfiance qui empoisonne la Cour, Richelieu songe enfin à choisir un homme de confiance à qui il puisse remettre la conduite des affaires. Sa chance et sa force ont été de repérer l’Italien Mazarin, de le « voler » au pape et de l’initier aux arcanes de l’État, en le plaçant d’abord comme espion auprès de la reine Anne d’Autriche, personnage clé, qu’il travaille au corps. Mazarin est un diplomate-né, aussi souple et séducteur que Richelieu est raide et cassant, mais leurs différences ne les empêchent pas de se retrouver sur un terrain commun, le salut du royaume, une conception centralisée du pouvoir. Mazarin, encore en apprentissage, recueille attentivement de Richelieu ses considérations politiques sur la France, les Français, l’art du gouvernement, l’art de déjouer les chausse-trappes, que le cardinal, sorte de Machiavel à la française, a accumulées depuis près de vingt ans. Il en fera son miel pour les interpréter à sa manière.

Le thème de la solitude et, dites-vous, de la tragédie du pouvoir solitaire, traverse tout votre roman. Est-ce à dire que cette histoire est emblématique de la permanence des trahisons au sommet de l’État ?

L’attelage Richelieu – Louis XIII a toujours fasciné les historiens, souvent tentés de prendre parti pour l’un ou pour l’autre. Le mystère réside dans leur capacité à diriger ensemble la France si longtemps, en dépit de leur mésentente ou de ce qu’on appelait alors la « malentente ». Louis XIII, qui a une haute idée chrétienne de sa charge, mais qui a des faiblesses très humaines, a dérouté, c’est un incompris. Il est aussi un communicant catastrophique, qui se révèle toutefois dans les situations de crise. Richelieu a suscité et suscite encore les plus féroces critiques de ceux qui tirent à boulets rouges contre un pouvoir jugé trop oppressant : Alfred de Vigny et Victor Hugo l’ont assassiné, Dumas a été un peu moins méchant. Aujourd’hui, il est évidemment plus considéré à droite qu’à gauche. La solitude est ce qui les lie sans pour autant qu’elle les rapproche, chacun essayant de prendre la main dans l’étrange couple qu’ils forment. De là, une perpétuelle suspicion, une constante surveillance réciproque et une paranoïa parfois justifiée, où l’on va jusqu’à envisager le meurtre. Cette solitude rattrape souvent nos responsables, même ceux qui ont été élus dans l’allégresse et la communion. Est-ce une histoire strictement française ? Chez nous, le pouvoir, malgré ou en raison d’un système courtisan, est une prison qui se construit de manière insensible sous nos yeux, au fil des ans. Quand on s’en aperçoit, il est trop tard et cela finit mal. Le succès de Cinq-Mars auprès de Louis XIII est lié précisément à cet espoir, finalement déçu et trompé, qu’il a fait naître chez le roi d’une solitude brisée et surmontée.

Comment vous êtes-vous documenté pour dépeindre de façon si réaliste les intrigues de Cour de cette première moitié du XVIIe siècle ?

Comme pour le précédent ouvrage, j’ai lu les biographies consacrées aux protagonistes afin de reconstituer la « ligne claire » de leurs relations, des ascensions et des chutes, ce que j’appelle la course des petits chevaux. C’est essentiel pour savoir où l’on va. J’y ai repéré aussi des personnages plus mineurs qui faisaient contrepoint et apportaient un supplément de vie. J’ai pu isoler enfin les scènes qui permettraient d’orchestrer le ballet et de ne surtout pas donner l’impression d’un cours d’histoire. On doit essayer de faire comme si celle-ci se déroulait sous nos yeux, à l’instant présent.

Votre roman est écrit sous forme de courts chapitres, avec des rebonds, des surprises. On pense aux romans d’Alexandre Dumas mais aussi à une pièce de théâtre. Était-ce votre volonté ?

Il faut que cela file. Je conçois ces romans comme une série de tableaux – la peinture joue du reste un rôle non négligeable – qui s’enchaînent à toute allure. D’où le théâtre, renforcé par un détail qui fut pour moi un déclic et m’a donné envie de me plonger dans ce marigot royal : le règlement de comptes entre Louis XIII et Richelieu, à l’article de la mort, qui font apporter leurs lits pour en découdre, l’un à côté de l’autre, crever l’abcès et obtenir enfin la vérité sur cette aventure qui a mené la France au bord du gouffre. Plus qu’une joute verbale, un ultime combat de boxe où chaque mot fait mal, où il s’agit de tuer l’autre. Chaque siècle suscite en nous une image, une représentation différente ; à mes yeux, le XVIIe siècle incarne le mariage des passions et de la langue la plus pure, la plus nette, la plus incisive, dans laquelle elles viennent s’incruster.

Continuerez-vous, dans de prochains ouvrages, à explorer cette période de notre histoire ?

J’ai en tête un troisième volume où il sera question cette fois d’une longue haine cuite et recuite, d’abord sourde, puis qui monte, enfle et éclate, entre deux personnages majeurs de cette période.

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la presse en parle

« À travers l’anecdote historique, François-Guillaume Lorrain interroge les permanences de notre histoire. »
Le Point

« François-Guillaume Lorrain préfère les scènes courtes comme autant de rouage dans une mécanique tragique, tout en soulignant l’usure du pouvoir sur les hommes qui l’exercent. »
Historia

« Ce Temps des trahisons est un spectacle cruel où la confiance, le désir d’introspection et la recherche de sincérité sont sans arrêt mis à mal. Les habits ont beau être chamarrés, les vins fins et les pièces des châteaux décorées, personne n’échappe au jeu de massacre. »
Le Figaro Littéraire 

« L’auteur de Louis XIV l’enfant roi captive dans ce roman historique articulé autour d’ambitions parfois dangereuse. »
Version Femina

« A force de fréquenter le Grand Siècle, l’auteur finit par écrire comme jadis, ce qui n’est pas rien. »
Le Figaro Magazine

« Un roman historique bien documenté ! »
France Dimanche

« Avec cet ouvrage haletant, François-Guillaume Lorrain réussit à nous captiver de bout en bout, avec sa plume à la fois précise et vive ».
Journal de France

«  Un roman haletant et fascinant aux Éditions XO qui met en scène un triangle fatal Louis XIII, Richelieu et un jeune trublion le marquis de Cinq-Mars ».
La Nouvelle République

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